Pourquoi conserver la « paperasse » sur un théâtre d’opérations ? À encombrer des bureaux
diront certains… Pour le lieutenant B L, même en Afghanistan, les archives ont un
but essentiel : défendre les droits du soldat.
« Sur le théâtre, je récupère des cartons », s’amuse le lieutenant B L. Ce chef de la
cellule management de l’information au camp de Warehouse, en Afghanistan, n’a pas vocation
à travailler dans le développement durable, mais bien au profit des militaires projetés.
Missionné par le service historique de la Défense (SHD) et l’EMA, il collecte toutes les archives
des différentes emprises militaires et contrôle la gestion de l’information.
Les archives : des vieux cartons poussiéreux ?
« Les archives ne sont pas que des vieux papiers entassés dans des cartons poussiéreux. En
OPEX, de nombreux documents circulent, comme le journal de marche et des opérations
(JMO) ou bien encore les ordres d’opérations, les notes de service et les contrats. Nos
productions ont une valeur particulière. Elles doivent être imprimées, conservées, même lors
d’une relève, puis envoyées au SHD pour être conservées et consultées puis exploitées si
nécessaire.
Ne rien jeter
Cet officier, historien de formation, fait le tour des bases opérationnelles avancées (FOB) et
des postes de combat avancés (COP) où servent des militaires français pour récupérer tout ce
qu’il peut. « À Tagab, j’ai retrouvé 2 boîtes d’archives, datées de 2010 à 2011, qui allaient partir
à la poubelle ».
Garder une trace
Il a ici une deuxième mission : la gestion de l’information. « Je dois sensibiliser les rédacteurs
aux niveaux de classification des documents qu’ils produisent. Je leur explique aussi
qu’enregistrer des documents sur leur ordinateur est risqué, puisqu’à tout moment le réseau
peut être piraté. En résumé, je les accompagne dans le changement de leurs habitudes pour
qu’ils ne jettent rien ! L’article L 212-1 du code du patrimoine dispose bien que les archives
publiques sont imprescriptibles. Il faut donc garder une trace pour protéger les intérêts de
notre institution et des soldats ».
Des preuves tangibles
En effet, les archives font foi : « Dans l’instruction d’un dossier, la justice ira consulter les
documents conservés au sein du ministère de la Défense, à la recherche de preuves tangibles.
Le JMO ou le compte-rendu de fin de mission peuvent révéler les causes d’une maladie chez
un combattant. Ils permettent aussi de savoir si un militaire a droit à l’attribution de telle
médaille ou au bénéfice de la campagne double ».
« A l’heure du retrait, il est temps d’agir ! »
Actuellement, le lieutenant L travaille à la rédaction d’une annexe portant sur la gestion
de l’information, qui viendra compléter l’ordre de redéploiement des troupes françaises en
Afghanistan. « Aujourd’hui, nous en connaissons plus sur les deux guerres mondiales que sur
nos conflits actuels ! À l’heure du retrait, il est temps d’agir et de former les militaires à
l’enrichissement de notre Histoire ». Inlassablement, le lieutenant L continue son
combat pour faire vivre et perdurer les archives de la Défense qui n’ont pas un destin comme
les autres.