Publié le jeudi 08 juillet 2010 à 11H00 dans le journal L'Union Les soldats du 132e et leurs chiens peuvent être appelés à appuyer des opérations partout dans le monde, en milieu urbain ou rural. Ils peuvent également intervenir dans le cadre d'opérations conduites par des organisations internationales.
ALORS que la « rigueur », crise oblige, s'est abattue sur la plupart des régiments français, certaines unités connaissent un essor inattendu.
C'est le cas du 132e Bataillon cynophile de l'armée de terre (BCAT), basé à Suippes, qui non seulement n'a perdu aucun « personnel » comme on dit dans le jargon militaire, mais en a même gagné une centaine !
Ce développement hors norme ne relève pas du hasard. Pour le comprendre, il faut savoir que le « 132 » est devenu un outil indispensable sur les théâtres actuels, comme le souligne son chef de corps, le lieutenant-colonel Seynaeve, qui passe le commandement du bataillon ce matin (lire ci-dessous) pour rejoindre l'état-major de la 2e Brigade blindée, à Illkirch-Graffenstaden, en Alsace, après deux années bien occupées.
Face aux bombes des talibans
La mission du 132 est l'appui cynotechnique au combat débarqué, son expertise est unique. Concrètement, ses chiens et maîtres-chiens interviennent dans la recherche et la détection d'explosif. Grâce à leur flair, les animaux sont spécialement dressés à Suippes pour reconnaître la cache d'une bombe artisanale (IED*) et remonter la piste de celui qui l'a fabriquée. « Ils sont capables de retrouver la trace de celui qui, à l'autre bout de la ville, tient dans sa main le portable qui va déclencher la bombe », explique le lieutenant-colonel.
Deux sections sont actuellement en opération en Afghanistan, déployées autour de Kapissa et Surobi. Quelques hommes interviennent aussi à Kaboul. La détection d'IED est l'un des objectifs cruciaux des forces terrestres de l'Otan, car les talibans sont devenus experts en la matière. Leurs engins explosifs causent régulièrement des pertes dans les rangs de l'Alliance. C'est donc aussi grâce au flair du 132 de Suippes que le conflit peut tourner en faveur de l'Otan.
A quoi tient l'issue d'une guerre moderne - et avec elle l'ordre du monde… « Un homme, un chien, c'est le pion de base, ils ne partent jamais l'un sans l'autre », se plaît à rappeler le chef de corps. Ces « pions » d'un genre particulier sont également destinés à l'accompagnement de personnalités, à la protection d'installations, à l'appui de missions de reconnaissance, d'investigation et de contrôle sur les check points. On les rencontre un peu partout dans le monde : au Gabon, au Liban et il n'y a pas très longtemps en Haïti, où il défendait des convois de vivres.
Face à des situations dramatiques comme celles-ci, après le tremblement de terre, le bataillon est bien souvent le dernier recours avant une intervention armée. Les soldats du 132 et leurs binômes à quatre pattes ont déjà dû riposter plusieurs fois en Afghanistan mais ne déplorent pour l'instant aucune perte.
Dans l'histoire récente du 132, seul un chien est mort en entraînement au Kosovo.
Des chiens tout-terrain
Malgré les avancées technologiques de ces dernières décennies, les capacités olfactives du chien restent indispensables, complémentaires à toutes les stratégies déployées sur le terrain. 80 % de ces animaux sont des bergers belges malinois, qui ont l'avantage d'être intelligents, résistants, capables d'endurer des températures quasi polaires et des chaleurs sahariennes, tout en étant suffisamment légers pour permettre à leur maître de les porter sur les épaules, lorsqu'il faut grimper à une échelle pour rentrer dans un bâtiment. Le reste de l'effectif (le 132 compte 350 chiens) est composé de bergers allemands et hollandais.
Derrière cette arme particulière, toute une machine s'active. Un centre de soins avec quatre vétérinaires, un chenil gigantesque et une cellule d'achat.
Sans compter bien entendu les installations nécessaires au dressage et à l'entraînement.
Les animaux sont en général intégrés dans l'armée à l'âge de 16 mois, et réformés à 8 ans. « C'est une vraie retraite pour eux, car au fil des opérations ils accumulent une grosse fatigue. Dans 90 % des cas, ils terminent sur le canapé de leur maître-chien ! », et lorsque l'animal meurt, même le soldat le plus aguerri ne peut rester insensible.
Sébastien LAPORTE
*Improvised explosive device
Les soldats du 132e et leurs chiens peuvent être appelés à appuyer des opérations partout dans le monde, en milieu urbain ou rural. Ils peuvent également intervenir dans le cadre d'opérations conduites par des organisations internationales.
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