LES fanions sont supprimés les uns après les autres. Bientôt, le mât qui les porte sera complètement dénudé.
À chaque brigade qui part, c'est un fanion qui disparaît, en attendant le retour des troupes. Soixante-cinq soldats ont pris, la semaine dernière, la voie des airs vers l'Afghanistan. Quatre-vingt-cinq artilleurs, ceux de la 1re batterie, prennent leur sac demain après-midi pour une mission de quatre mois au Liban. Et d'autres partiront plus tard dans le courant de l'année vers Djibouti, la Guyane et la Nouvelle-Calédonie. « Le régiment se vide de ses éléments opérationnels », résume le lieutenant-colonel Lecorguillé, chef de corps du 40e RA.
C'est le sourire aux lèvres que les soldats de la mission Liban se préparent. Hier après-midi, la plupart d'entre eux étaient en permission. Le temps de profiter de leur famille avant le grand départ. Au Sud Liban, où ils seront basés, les militaires du camp de Suippes prendront la relève du 8e RA de Commercy et participeront au maintien de la paix.
La France est le deuxième contributeur de la force des Nations Unies au Liban puisqu'elle y envoie 1.900 hommes. Parmi eux, 328 soldats de notre région. En effet, outre ceux du RA de Suippes, 108 militaires du 501-503e RCC de Mourmelon et 135 soldats du 3e RG de Charleville sont également sur le départ.
« Servir la mission de la paix est la plus belle », affirme le commandant Eric *. Ce militaire connaît déjà le secteur puisqu'il y a passé plusieurs mois en 2007. Il connaît également l'unité qui sera dirigée par le capitaine Olivier puisqu'il en avait le commandement pour partir en Côte d'Ivoire, il y a 3 ans. A la veille du départ, il a le trac et ne s'en cache pas. « Au mois du départ, on ressent une saine crainte. Il faut se garder de toute accoutumance et garder cette saine crainte.
Pour environ un tiers des effectifs du groupe d'artilleurs, cette mission sera une première en théâtre d'opérations extérieures. Les entraînements les ont bien préparés. Ils se sont aguerris au maniement de leurs canons AUF1. et ont mené des exercices de tirs d'obus la semaine dernière sur le camp de Suippes.
Ils se sont rendus à Canjuers pour d'autres entraînements. Ils ont également, en même temps que l'ensemble du détachement, reçu une formation complète sur l'histoire, la démographie, la géographie ou encore la politique du territoire sur lequel ils vont intervenir. Ils ont également rencontré des personnels qui en reviennent.
Ces derniers temps, ces rencontres ont été quotidiennes. C'est la mise en condition. Une somme d'éléments qui permet au capitaine Olivier de se sentir « calme et serein » avant le grand départ.
« Je suis satisfait de l'entraînement qui a été complet. Ma seule appréhension porte sur le fait que je vais gérer la vie de 84 personnes pour la première fois ». Le brigadier-chef 1re classe Grégory interviendra notamment pour le décharger des problèmes mineurs de vie courante.
Il assurera en effet le relais entre les soldats et leur capitaine. « Ce sera un élément précieux notamment vis-à-vis des jeunes soldats afin de détecter les petits problèmes », précise le commandant Eric.
Pas toujours évident, en effet, de passer de la théorie à la pratique, du camp de Suippes au Sud Liban, d'un lieu en paix à une mission de maintien de la paix dans une zone pleine de turbulences. Peu de soldats, néanmoins, souhaitent rester à la base et regarder les autres partir.
« Notre engagement opérationnel est notre finalité », martèle le commandant Eric pour lequel le départ au Liban est, avant tout, « une mission exaltante ».
Stéphanie Verger