En novembre 2014, l’État-major des armées [EMA] avait annoncé le premier déploiement au Mali de l’hélicoptère NH-90 TTH « Caïman » au titre de l’opération Barkhane. Avec une autonomie beaucoup plus importante et une capacité d’emport accrue par rapport aux modèles plus anciens, cet appareil a permis de changer la façon de conduire les opérations aéromobiles.
Et, visiblement, même si sa version navale donne quelques soucis à la Marine nationale, les NH-90 de l’Aviation légère de l’armée de Terre ont tenu leurs promesses, comme l’avait souligné le général Jean-Pierre Bosser, le chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT], lors d’une audition parlementaire, en octobre 2016.
« L’an dernier, trois ont été déployés au Mali, ils sont rentrés en France, sont passés en révision et ont redécollé quasiment dans la foulée. Il est vrai qu’il y a beaucoup d’optronique dans le NH-90 et que c’est ce qui souffre le plus dans les zones chaudes. Mais honnêtement, j’ai bon espoir que cet hélicoptère donne vraiment le maximum », avait en effet affirmé le CEMAT à l’époque.
Quelques mois plus tôt, l’EMA avait publié un reportage sur un pilote de NH-90 TTH appartenant au 1er Régiment d’Hélicoptères de Combat [RHC]. « Les moteurs sont particulièrement performants, nous pouvons voler jusqu’à 300 km/h, avec des capacités d’élongations très importantes. Au Mali nous devons voler à travers des nuages de poussières assez denses. Grâce aux paramètres de vol qui apparaissent dans la visière du casque du pilote, nous sommes en mesure de piloter aux instruments en totale sécurité. […] c’est un hélicoptère extraordinaire, mais il faut vraiment travailler pour bien l’apprivoiser », avait expliqué le capitaine « Charles ».
Mais il n’en reste pas moins que cet hélicoptère n’est pas à l’abri d’une panne, comme cela vient d’arriver à l’un d’entre eux. En effet, le 1er avril dernier, rapporte Le Point, un NH-90 TTH de la force Barkhane a été victime d’une grave panne moteur alors qu’il survolait le désert. Ce qui a contraint l’équipage à effectuer un atterrissage d’urgence au milieu de nulle part.
Un important détachement de Barkhane a immédiatement été déployé sur les lieux afin de protéger non seulement l’équipage mais aussi l’équipe de mécaniciens venue par hélicoptère avec une turbine de rechange.
L’incident a été confirmé par le porte-parole de l’État-major des armées [EMA], le colonel Patrik Steiger. « L’hélicoptère immobilisé constituait une cible de choix, mais aucun incident n’est venu perturber les réparations », a-t-il assuré, en refusant de donner des détails au sujet de la région où le NH-90 TTH a dû se poser. Quant au commandant de l’ALAT [COMALAT], le général Michel Grintchenko, a précisé auprès de l’hebdomadaire qu’une situation de ce genre fait partie des « cas non conformes ». « Nous avons été capables de réagir car nous disposions de suffisamment d’hélicoptères sur zone », a-t-il ajouté.
Ce n’est pas la première fois que le NH-90 a des soucis de moteur. Ceux de la Bundeswehr furent temporairement cloués au sol, en 2017, après la découverte de traces d’abrasion au niveau d’une turbine de l’un de ses appareils déployés à Gao, au titre de la Mission des Nations unies au Mali [MINUSMA].
Il est vrai que, au Sahel, les machines sont soumises à rude épreuve, notamment à cause des écarts de températures et surtout du sable fin, lequel provoque une usure prématurée des pièces mécaniques.
Mais l’aventure de cet équipage de l’ALAT rappelle un incident dont fut victime un NH-90 NFH de la Marine nationale, en août 2018. L’appareil, moteur en feu, avait aussi dû se poser en urgence dans un champ situé sur la commune d’Argol, dans le Finistère.
Deux autres problèmes au niveau des moteurs Turbomeca RTM322 du NH-90 avaient été récemment signalés. En 2010, un appareil australien fut contraint de se poser en urgence à cause d’une panne provoquée par le contact de la lame du compresseur avec le carter. Puis, en 2014, un NH-90 allemand, alors engagé en Afghanistan, dut faire un « poser dur » quelques minutes après avoir décollé, l’un de ses moteurs ayant pris feu. Il fut expliqué, plus tard, que ses turbines n’avaient pas été assez refroidies entre deux vols, ce qui aurait eu des conséquences au niveau du compresseur.
Sources : Le Point et Opex360