Le 13 novembre 2018, un imposant convoi de ravitaillement de la force Barkhane sort de la base française à Gao, au Mali. Au total, plus d’une centaine de véhicules militaires et de camions civils sont engagés dans une boucle aller-retour entre Gao et Tessalit, soit plus de 1200 kilomètres à travers le désert avec pour seul chemin des pistes sablonneuses.
Au cours de ce convoi, dans un environnement hostile et des conditions extrêmes, les soldats français vont parcourir plus de 200 km par jour. Le ravitaillement de la base de Tessalit est un enjeu de premier ordre pour la force Barkhane. Située à l’extrême nord du pays, il s’agit d’un point d’appui essentiel pour la lutte contre les groupes armés terroristes.
Arrivés à Tessalit après plusieurs jours de piste, les soldats du groupement tactique logistique (GT-Log) reconditionnent les véhicules pour le voyage retour. Le travail ne manque pas, car le matériel est mis à rude épreuve et les pannes sur les véhicules sont régulières.
Les « graisseux », comme sont parfois surnommés les mécaniciens en référence à leurs tenues maculées de graisse, ont moins de 10 heures pour réparer des véhicules endommagés et permettre ainsi au convoi de prendre le départ à temps. Un défi qu’ils relèveront en travaillant toute une partie de la nuit.
Le lendemain, alors que le jour n’est pas encore levé, la base grouille de monde. Les soldats du GT-Log s’affairent. Ils chargent leurs sacs, vérifient leurs véhicules et contrôlent leur armement avant d’embarquer. Il est 5 h quand le convoi s’élance pour le trajet retour en direction de Gao. Pour ouvrir le chemin, c’est le SOUVIM (système d’ouverture d’itinéraires minés) qui prend la tête du convoi.
Ce véhicule imposant est bariolé de grilles et de plaques lui permettant de se protéger des roquettes. Des petites roues à l’avant déclenchent les mines à pression tandis que des panneaux sous le véhicule permettent de détecter les engins explosifs improvisés (IED) enfouis profondément dans le sol. La mission du SOUVIM, et du détachement Génie auquel il appartient, est d’ouvrir la voie et de sécuriser le convoi.
Un peu plus loin dans le convoi, une équipe de reconnaissance du Train oriente la colonne en déterminant le meilleur passage. À la tête de l’équipe, le maréchal des logis Claire, chef de patrouille.
Après quatre ans de service, c’est déjà son deuxième déploiement dans l’opération Barkhane : « Je connais bien la zone et j’ai déjà participé à une opération Charente alors que j’étais adjoint de patrouille », indique-t-elle. « Cependant, même si on connait bien la zone, notre mission n’est pas facile, on est toujours sur le qui-vive. La menace IED est présente partout sur notre route », précise-t-elle.
Mais le pire ennemi de ce convoi reste sans doute le sable : avec des véhicules de plus de 35 tonnes, les ensablements sont réguliers et chaque arrêt rend le convoi vulnérable. À la radio, l’équipe de reconnaissance entend qu’elle doit se rendre au plus vite sur un véhicule en difficulté.
Il faudra l’intervention des mécaniciens et de leur véhicule de dépannage lourd pour arracher le poids lourd de cette zone sableuse.
Derrière cette équipe de reconnaissance, le nuage de poussière de la colonne, visible à des dizaines de kilomètres, est impressionnant. Pendant 12 heures, les véhicules ne couperont jamais le moteur avant d’avoir atteint leur zone de regroupement pour la nuit.
Pour le capitaine Gaultier, chef du convoi, c’est à chaque fois un vrai défi : « Le convoi comprend plus de 100 véhicules militaires et civils et au moins deux fois plus de personnel. Une fois lancé, le convoi s’étire sur plusieurs dizaines de kilomètres » explique-t-il. « Tout incident ou panne peut donc avoir des conséquences importantes ».
Source : État-Major des Armées