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Elles étaient annoncées depuis plusieurs jours pour répondre à l’attaque chimique de Douma [Ghouta orientale] attribuée à Damas. Et elles ont eu lieu dans la nuit du 13 au 14 avril. En effet, des sites liés au programme syrien d’armes chimiques ont été frappés par les forces américaines, françaises et britanniques au cours de plusieurs raids distincts.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]« La ligne rouge fixée par la France en mai 2017 a été franchie. J’ai donc ordonné aux forces armées françaises d’intervenir cette nuit, dans le cadre d’une opération internationale menée en coalition avec les Etats-Unis d’Amérique et le Royaume-Uni et dirigée contre l’arsenal chimique clandestin du régime syrien », a annoncé le président Macron, via un communiqué accompagnant une vidéo montrant le décollage de Rafale armés du missile de croisière SCALP. « Notre réponse a été circonscrite aux capacités du régime syrien permettant la production et l’emploi d’armes chimiques », a-t-il précisé.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]Côté américain, le président Trump a dit avoir ordonnée de lancer « des frappes de précision sur des cibles associées aux capacités du dictateur syrien Bachar al-Assad en matière d’armes chimiques » avec « l’objectif d’établir une puissante dissuasion contre la production, la dissémination et l’utilisation de substances chimiques », laquelle est « intérêt vital pour la sécurité nationale des Etats-Unis. » Et d’ajouter : « Nous sommes prêts à maintenir cette réponse jusqu’à ce que le régime syrien arrête d’utiliser des agents chimiques interdits. »
Un responsable militaire a indiqué que les forces américaines engagées dans cette opération avaient tiré « des types de munitions divers », dont des missiles de croisière BGM-109 Tomahawk. Des bombardiers B-1 Lancer ont également été sollicités.
Selon le chef du Pentagone, James Mattis, le nombre de munitions tirées a été deux fois plus important que lors de la frappe américaine contre la base syrienne d’al-Shayrat, où 58 missiles Tomahawk avaient été lancés en réponse à l’attaque chimique de Khan Cheikhoun, le 4 avril 2017.
« La défense anti-aérienne syrienne est elle entrée en action mais aucune perte humaine n’a été à déplorer côté américain », a par ailleurs précisé le Pentagone qui a en outre indiqué que trois cibles liées au programme d’armement chimique syrien (une près de Damas et deux dans la région de Homs) avaient été visées.
« Le but est simple : empêcher le régime de faire à nouveau usage d’armes chimiques », a expliqué, plus tard, Florence Parly, la ministre française des Armées. « Le principal centre de recherche (de ces armes) et deux autres sites ont été frappés depuis des moyens navals et aériens », a-t-elle ajouté.
S’agissant de la contribution française à cette opération, Mme Parly a précisé que « des frégates multimissions, accompagnées de bâtiment de protection et de soutien, ont été déployées en mer Méditerranée » et que « dans le même temps, un raid aérien est parti en début de nuit de plusieurs bases aériennes en France afin de rejoindre les côtes de la Syrie ».
« Ces différents moyens ont tiré de manière parfaitement coordonnée des missiles de croisière […] en étroite synchronisation avec nos alliés américains et britanniques », a encore fait valoir Mme Parly. « Nous avons veillé à ce que les Russes soient prévenus en amont », a-t-elle dit.
À Londres, le ministère britannique de la Défense (MoD) a affirmé que quatre chasseurs-bombardiers Tornado GR-4 de la Royal Air Force, ayant probablement décollé de Chypre, avaient pris part aux frappes. Ces appareils ont lancé des « missiles Storm Shadow contre un complexe militaire à 24 kilomètres à l’ouest de Homs », c’est à dire où « régime est supposé conserver des armes chimiques ». Cette cible a été choisie suite à une « analyse scientifique très méticuleuse », visant à maximiser la destruction de l’arsenal chimique syrien. Et de préciser qu’une « analyse des conséquences de l’intervention est toujours en cours. »
L’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), qui dispose d’un large réseau de correspondants sur le terrain, a rapporté qu’un centre de recherche scientifique, plusieurs bases militaires et une caserne de la garde républicaine syrienne à Damas avaient été visés.
La télévision d’État syrienne a confirmé qu’un « centre de recherches » dans le quartier de Barzé [nord-est de Damas] avait été effectivement visé. En outre, elle a affirmé que des missiles ont été « interceptés » dans la région de Homs.
Les frappes occidentales ont pris soin d’éviter les sites où les forces russes sont présentes. Via un communiqué publié par l’agence officielle Ria Novosti, le ministère russe de la Défense a affirmé que « plus de 100 missiles de croisière et missiles air-surface ont été tirés par les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France depuis la mer et l’air sur des objectifs syriens militaires et civils » et qu’un « nombre significatif » d’entre eux ont été « abattus par la défense aérienne syrienne ». Ce qui reste à confirmer.
« Nous avions averti que de tels actions appelleraient des conséquences », a Anatoli Antonov, l’ambassadeur russe aux États-Unis. « Nos mises en garde ont été ignorées », a-t-il déploré avant de qualifier les frappes occidentales « d’insultes » au président Poutine.
Enfin, le président Trump s’est adressé à l’Iran et la Russie, alliés de la Syrie. « En 2013, le président (russe Vladimir) Poutine et son gouvernement ont promis au monde qu’ils garantiraient l’élimination des armes chimiques de la Syrie. L’attaque chimique d’Assad et la réponse d’aujourd’hui sont la résultante directe de l’échec de la Russie à tenir ses promesses », a-t-il dit.
« La Russie doit décider si elle va continuer sur cette voie sinistre ou si elle va rejoindre les nations civilisées en tant que force de stabilité et de paix. Avec un peu d’espoir, un jour, nous nous entendrons avec la Russie et peut-être même avec l’Iran, ou peut-être pas », a déclaré le président américain.
« Les États-Unis ne cherchent en aucune circonstance à maintenir une présence indéfinie en Syrie. Tandis que d’autres nations accroissent leurs contributions, nous attendons avec impatience le jour où nous pourrons ramener à la maison nos combattants », a encore affirmé M. Trump.
Source : Opex360
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