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Dans les tensions qui existent entre différents pays et dans de nombreuses régions du monde, il n'est pas rare que soient rapportées des manoeuvres aériennes dangereuses lors de l'interception d'un aéronef. Ces interceptions peuvent se faire dans des contextes multiples, comme lors du déclenchement d'une Quick Reaction Alert (QRA, ou permanence opérationnelle) lorsqu'un aéronef ne répond pas aux demandes des contrôleurs et qu'il se trouve à proximité d'un espace aérien souverain (exemple, dans les pays Baltes ou en Europe de l'ouest), lorsqu'un aéronef qui conduit une mission ISR est intercepté (exemple, en mer de Chine) ou lorsqu'il effectue une mission opérationnelle au-dessus d'un théâtre d'opérations (exemple, en Syrie).
Ces interceptions sont naturelles. Le pays A montre au pays B qu'il est capable de détecter, d'intercepter et, si les conditions le demandent, d'abattre un aéronef hostile. Certaines se font de manière professionnelle, en respectant les distances de sécurité entre les avions, mais d'autres le sont moins avec des aéronefs qui ne sont parfois espacés que de quelques mètres.
Si ces interceptions et parfois ces intimidations dans les airs sont courantes, notamment depuis la hausse des tensions entre la Russie et les pays occidentaux suite à l'annexion de la Crimée par Moscou, il est toutefois plus rare d'évoquer ce type de manoeuvres lorsqu'elles se font en mer. Elles sont plus rares car elles sont moins nombreuses, mais parfois aussi moins médiatisées.
En avril 2014 et en avril 2016, des Su-24M de l'Armée de l'Air russe ont réalisé des passages bas et rapides au-dessus de l'USS Donald Cook (DDG-75), un destroyer américain de l'US Navy de la classe Arleigh Burke qui naviguait, respectivement, en mer Noire et en mer Baltique.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]Mais cette fois, ces rapprochements ont concerné, encore une fois, des Su-24M russes et… la Marine Nationale avec la FREgate Multi-Missions (FREMM) Aquitaine. En effet, d'après le quotidien Le Point, « la frégate française Aquitaine, postée en Méditerranée orientale dans le cadre de l'opération Chammal, a été survolée durant le week-end par au moins un avion russe affichant une posture 'agressive' ».
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]Cette posture est caractérisée comme étant « agressive » par Le Point en raison de la proximité des Su-24M russes. « Alors que de telles visites russes ne sont pas rares dans les parages des navires français, elles se situent généralement à une distance raisonnable, marquant ainsi une attitude clairement dénuée d'ambiguïté, à défaut d'être amicale », est-il expliqué. En outre, le journal affirme également que lors de ces passes, les appareils étaient armés. Il n'a toutefois pas précisé quel type d'armement était emporté.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]Contactée par le journal Ouest-France, la Marine Nationale atténue les faits puisqu'elle parle « de survol inamical et dangereux et de manœuvres qui ont conduit Paris à rappeler à la Russie les règles de survol pour éviter tout accident ou toute méprise ». Elle confirme toutefois ces survols par des Su-24M, et précise également que des Su-30SM étaient également engagés dans cette mission.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]Ce n'est pas la première fois que des bâtiments de la Marine Nationale se retrouvent confrontés à des aéronefs russes. Il y a quelques mois, le porte-avions Charles de Gaulle a été survolé par un bombardier lourd supersonique Tu-160 « Blackjack » alors que le Groupe aéronaval naviguait en Méditerranée. Un Rafale Marine en configuration « nounou » avait été la seule réponse française apportée à ce passage bas. A la suite de cela, la sécurité et la surveillance avaient été renforcées. Avant, des Su-25 « Frogfoot » avaient également harcelé la frégate F 714 Guépratte alors qu'elle se trouvait en mer Noire.
Face à ce type d'actions, les marins français en « profitent » pour mettre à jour la banque d'images et de fréquences des différents systèmes de l'aéronef (système de verrouillage, dispositif de contre-mesures et de brouillage, radar embarqué, capteurs, etc…). Les défenses anti-aériennes sont constamment orientées et poursuivent ostensiblement l'appareil.
Il est aussi possible de se manifester fermement sur les fréquences radios pour contester ces actions, du moins si la radio n'est pas coupée. Enfin, il y a aussi la possibilité d'allumer ses capteurs, d'illuminer et de verrouiller l'appareil. Mais encore une fois, cette action n'est que futile puisque soit l'appareil n'est pas doté de détecteur d'illumination radar/laser et le pilote ne le sait donc pas, soit il a coupé ces systèmes, soit ils sont actifs mais il laisse faire.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]De son côté, outre les sous-marins dont l'activité est bien évidemment inconnue, l'US Navy déploie actuellement en Méditerranée orientale (MEDOR) l'USS Donald Cook après qu'il ait effectué une escale au port Larnaca de Chypre, le 09 avril 2018. Des rapports de plusieurs médias américains et internationaux ont évoqué des faits similaires des appareils russes avec le destroyer américain.
Toutefois, l'US Navy a nié ces informations. En effet, cité par le site américain Task & Purpose, le porte-paroles de l'US Navy Bill Speaks a affirmé « qu'il y a des éléments de cette histoire qui ne sont tout simplement pas vrais », suite à la publication d'un article par CNN’s Turkey au sujet de ces soit-disants survols. Il a aussi ajouté que ce qui a été écrit à ce sujet est « complètement faux ».
Sources : Défense Aéro, Opex360
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