La réforme du ministère des Armées lancée en 2008 mit en place des « bases de défense », dont l’objectif était de mutualiser le soutien de plusieurs unités dans un périmètre géographique donné
e route [color=#0066ff]en théorie] en concentrant sur un même site les services d’administration, de gestion, d’habillement, etc.
Et cela, pour quelques économies loin d’être évidentes
voir à démontrer, bouscula le principe « un chef, une mission, des moyens » pourtant solidement établi.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]Seulement, en 201
4, le Haut comité d’évaluation de la condition militaire [HCECM] déplora les effets de cette réforme, qui a «
dégradé le soutien administratif » des unités. En un mot, sans doute fallait-il s’inspirer du Premier ministre britannique Benjamin Disraeli, qui disait vouloir « conserver ce qui vaut et réformer ce qu’il faut »….
« Les militaires rencontrés par le HCECM ont tous fait part de la déshumanisation et du flou qui caractérisent désormais les relations entre les militaires soutenus et le personnel administratif. Pour beaucoup, ‘le militaire est désormais un numéro de matricule ou un identifiant dans un SIRH' », pouvait-on lire dans un rapport.
« Dans les formations
embasées, les militaires constatent au quotidien que l’encadrement n’a plus les moyens d’agir sur le soutien » et « les chefs militaires ont de moins en moins la capacité à régler les problèmes rencontrés, ce qui se traduit par un affaiblissement à cet égard de la fonction de commandement », avait également constaté le HCECM.
Dans le même temps, les moyens dévolus aux fonctions de soutien et à l’entretien des infrastructures furent impactés par les réductions budgétaires. Et les choses ne s’arrangèrent évidemment pas quand il fallut revoir à la hausse le format de la Force opérationnelle terrestre (+11.000 soldats) après les attentats de 2015.
Ainsi, par exemple, le rapport des sénateurs Jean-Marie Bockel et Christine Prunaud, publié en novembre 2017, estimait que « 400 millions d’euros » étaient « nécessaires pour mettre aux normes les restaurants dont le SCA [Service du commissariat des Armées, nldr] a la responsabilité ». Et de préciser que « l’était de 70 d’entre eux était particulièrement préoccupant. »
Lors de son discours prononcé à la veille du 14-Juillet à l’Hôtel de Brienne, le président Macron a longuement abordé cette question. « Je veux donner la première priorité aux systèmes d’hommes avant les systèmes d’armes », a-t-il dit, avant de reprendre à son compte la citation du philosophe Jean Bodin, « il n’est de richesses que d’hommes. »
« Je veux que des réponses concrètes, le cas échéant extraordinaires, soient mises en place afin que le quotidien du soldat, du marin, de l’aviateur soit rapidement amélioré lorsqu’il est au combat comme lorsqu’il est dans sa garnison », a-t-il continué.
Aussi, a poursuivi M. Macron, « nos forces doivent être mieux équipées, mieux soutenues, mieux installées pour assumer leurs missions dans la durée et de manière plus efficiente. » Et pour cela, « il faut d’abord consentir un effort budgétaire particulier en faveur des soutiens, de l’infrastructure ou encore du logement. Parce que c’est là, aujourd’hui, que les difficultés sont identifiées », a estimé le chef de l’État.
Le président Macron n’a pas manqué de souligner que cette situation est due au fait que ces « domaines ont le plus souffert de la décroissance et des réductions des dernières années. »
A priori, il faut s’attendre à ce qu’il y ait encore des changements dans le soutien des militaires. Ou du moins que ce dernier se fasse dans avec nouvelle approche. « En même temps, il faut aussi questionner l’organisation, faire cesser les fonctionnements en silos, responsabiliser l’encadrement, redonner un pouvoir d’arbitrage au commandement pour mieux coordonner à l’échelle locale », a expliqué le locataire de l’Élysée.
Faut-il comprendre que l’on va vers un retour du concept « un chef, une mission, des moyens »? Sans doute… Cela étant, M. Macron a aussi estimé que cela « demande de la hauteur de vue, une vraie discipline intellectuelle, seuls à même de promouvoir l’intérêt supérieur de nos armées, au delà des habitudes anciennes, des systèmes de pensée confortables, des logiques de structure ou de corps qui aboutiraient à poursuivre comme avant et répéter ce qui se faisait depuis toujours. »
Mais, dans le fond, la logique défendue par le président Macron vise à donner plus de latitude au commandement, comme l’illustre la récente signature de la convention SPIRALE par l’état-major de l’armée de Terre et le Service d’Infrastructure de la Défense. Là, il s’agit de
(re)donner aux chefs de corps la possibilité de faire exécuter des travaux ne nécessitant pas de compétences particulières aux soldats.
« Il nous faut, au fond, le même engagement, les mêmes principes et la même efficacité qu’en opérations pour le quotidien. […] Celui qui décide, c’est celui qui monte au front. Ce qui aussi doit décider au quotidien, c’est celui qui vit ce quotidien », a lâché M. Macron, pour qui des « souplesses doivent laissées au plus près. »
Source : Opex360