Pierre Challier pour ladepeche.fr le 23 septembre
Au départ, un constat. Sachant qu'une bonne partie des hélicoptères de transport Cougar, version militaire du Super Puma civil, sont en opérations extérieures, au Mali notamment, et que l'autre partie du parc est actuellement en retrofit (réaménagement) chez Airbus Helicopters… l'armée fait aujourd'hui face à un manque de machines disponibles. «Nous avions donc besoin d'hélicoptères supplémentaires et il fallait trouver une solution pour la formation de nos équipages durant cette période. Nous avons donc loué un Super Puma, car notre besoin est ponctuel, le temps de ce retrofit», explique le colonel Michel Sabatier, responsable de la communication de la zone de défense et de sécurité Sud-Ouest.
De fait, à la fin du mois, le 5e Régiment d'Hélicoptères de Combat et le 4e Régiment d'Hélicoptères des Forces Spéciales de Pau vont-ils accueillir dans leur parc un Super Puma d'une société privée, Hélicoptères de France (HdF).
«Le Super Puma est quasiment identique à sa version militaire et nous l'avons modifié, en ajoutant notamment un coupe-câble», explique Bertrand Vilmer, président d'HdF qui, lui, réfute le mot «location» et corrige «vente d'heures de vol, clés en main», dans le cadre de ce marché passé avec le ministère de la Défense, symbolique d'un schéma appelé à se développer pour les armées et certains de leurs matériels.
«Ici, nous avons trois phénomènes conjugués. D'abord, il y a les appareils en retrofit. Ensuite, de plus en plus d'OPEX de plus en plus gourmandes en opérations héliportées. Et enfin, comme ces opérations par définition ne se calibrent pas à l'avance, en nombre d'heures de vol, et qu'elles s'enchaînent, on assiste à une surconsommation du potentiel des machines ainsi qu'à l'enchaînement des visites obligatoires qui les immobilisent», poursuit Bertrand Vilmer.
Conséquence ? Les hélicos qui restent «dispos» volent encore plus et comme il faut privilégier les opérations, on prélève sur le parc en métropole. «Comme il n'est possible ni d'arrêter le retrofit, ni les visites programmées, HdF et Airbus Helicopters ont donc proposé cette solution qui représente un cercle vertueux, une équation financière saine puisqu'elle évite à l'état de s'engager sur le long terme et d'acheter un matériel alors que son besoin réel est un volume d'heures de vol pour ses équipages, environ 500 en l'occurrence», souligne le président d'HdF, lui-même ancien pilote militaire.
Afrique très abrasive
Opération Serval au Mali, poursuivie par l'opération Barkhane qui couvre désormais aussi le Niger, le Tchad, la Mauritanie et le Burkina-Faso mais également opération Sangaris, en Centrafrique : les hélicoptères sont très sollicités sur tous ces théâtres. Ainsi, à Gao, au Mali, il y avait au printemps une moyenne de 6 à 8 Gazelle, 6 à 8 Puma, 2 Cougar et 5 Tigre basés. Quant au côté abrasif du sable, de la poussière des zones désertiques sur ces matériels, il se résumait en quelques chiffres : un moteur de Puma à 150 000 € qui fait ses 2000 heures habituellement en fait 200 en conditions sahélo-sahariennes, d'où l'accélération des cycles de visites aussi.
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