En 1940, les résistants de la première heure ne furent pas nombreux. Et Jean Sangnier a été l’un d’eux. Il s’est éteint à son domicile parisien, le 26 juin, à l’âge de 99 ans.
Fils de Marc Sangnier, le fondateur de la publication catholique et progressiste « Le Sillon » qui oeuvra pour un rapprochement pacifisque franco-allemand dans les années 1920, Jean Sangnier est né le 7 février 1912 à Paris.
A l’issue d’études de droit, il exerce les fonction d’attaché à l’ambassade de France à Berlin de 1938 à 1939. Après la débâcle française face aux troupes allemandes, Jean Sangnier s’engage activement dans la Résistance avec quelques autres, dont Emilien Amaury, futur créateur du Parisien Libéré, Max André et Raymond Laurent. Ces hommes créent alors le Groupe de la rue de Lille, établi dans les locaux de l’Office de publicité générale, à Paris.
L’une des missions de ce mouvement a été d’apporter une assistance au lieutenant de vaisseau Honoré d’Estiennes d’Orves, chargé par la France Libre d’établir une liaison radio entre la zone occupée et l’Angleterre. L’officier est ainsi hébergé par Max André du 6 au 19 janvier 1941, soit trois jours avant son arrestation à Nantes, suite à la trahison de son radio-télégraphiste, le quartier-maître « Georges Marty », qui s’appelait en réalité Alfred Gaessler, dont le père était un alsacien pro-nazi.
L’action de Jean Sangnier pendant l’Occupation sera d’imprimer des journaux interdits, tels que Témoignage chrétien, Défense de la France, l’Humanité ainsi que les discours du général de Gaulle. Détail assez croustillant : l’imprimerie était située à quelques mètres des bureaux de l’Abwehr, le service de renseignement de l’armée allemande.
Après la guerre, Jean Sangnier a cofondé le quotidien régional Ouest France et dirigé, de 1947 à 1983, la publication « Marie France ». Il était commandeur de la Légion d’honneur et décoré de la Croix de guerre 1939-1945 ainsi que de la rosette de la Résistance