La Madelon
Ce chant a été créé par Monsieur Bach en avril 1914 (vraisemblablement le 23-04).
Il était interprété à l'origine par les tourlourous (comiques troupiers très répandus
durant la Première Guerre Mondiale). Bach est aussi le créateur (en 1913) d'un
personnage célèbre, le fameux Bidasse...
Pour le repos, le plaisir du militaire,
Il est là-bas à deux pas de la forêt,
Une maison, aux murs tout couverts de lierre,
« Aux tourlourous », c'est le nom du cabaret.
La servante est jeune et jolie,
Légère comme un papillon.
Comme son vin, son oeil pétille,
Nous l'appelons la Madelon.
Nous en rêvons la nuit, nous y pensons le jour,
Ce n'est que Madelon, mais pour nous c'est l'amour.
Quand Madelon vient nous servir à boire,
Sous la tonnelle, on frôle son jupon.
Et chacun lui raconte une histoire,
Une histoire à sa façon.
La Madelon pour nous n'est pas sévère
Quand on lui prend la taille ou le menton,
Elle rit c'est tout l 'mal qu 'elle sait faire.
Madelon, Madelon, Madelon !
Nous avons tous au pays une payse
Qui nous attend et que l'on épousera.
Mais elle est loin, bien trop loin pour qu'on lui dise,
Ce qu'on fera quand la classe rentrera.
En comptant les jours, on soupire,
Et quand le temps nous semble long,
Tout ce qu'on ne peut pas lui dire,
On va le dire à Madelon.
On l'embrass' dans les coins.
Elle dit: « Veux-tu finir... »
On s'figure que c'est l'autre, çà nous fait bien plaisir.
Un caporal au képi de fantaisie
S'en fut trouver Madelon un bon matin.
Et fou d'amour, lui dit qu'elle était jolie,
Et qu'il venait pour lui demander sa main.
La Madelon, pas bête en somme,
Lui répondit en souriant :
« Pourquoi épouserais-je un seul homme
Quand j'aime tout un régiment ? »
Tes amis vont venir, tu n'auras pas ma main,
J'en ai bien trop besoin pour leur servir du vin.