Caserne Colbert : quand l'État traîne des pieds
Le site de la caserne Colbert appartient pour moitié à la Ville et moitié à l'armée. La Ville, en partenariat avec la Région et l'université, a un projet de plusieurs dizaines de millions d'euros sur l'ancienne caserne Colbert. Problème, l'État tarde à quitter les lieux.
A une période où l'on parle de plan de relance et de besoin de grands projets pour faire travailler les entreprises, le dossier de l'ancienne caserne Colbert est presque ubuesque. La Ville a en effet un vaste projet d'aménagement sur ce site situé boulevard de la Paix avec la construction d'une cité internationale permettant de recevoir des enseignants étrangers et de loger des étudiants, l'installation du siège de l'université et du siège social de l'Effort rémois.
« Ce sont plusieurs dizaines de millions d'euros d'investissement », explique Serge Pugeault, adjoint en charge du développement économique et des grands projets.
Seul problème, les terrains ne sont pas libres et l'Etat ne met pas vraiment du sien pour laisser la place. « J'avais rencontré, en fin d'année dernière, le ministre de la Défense à l'occasion d'une réunion sur l'avenir de la BA 112 », raconte Serge Pugeault. « Je lui avais parlé de notre projet pour la caserne Colbert ».
Le 15 décembre, la maire de Reims envoie un courrier officiel demandant la cession à la Ville de la partie du foncier appartenant à l'Etat pour 1 euro symbolique (une mesure nationale évoquée par le ministre de la Défense dans le cadre de la réorganisation des armées). Adeline Hazan demande aussi le déclassement du site de son affectation militaire afin de pouvoir y effectuer des travaux. « Cette importante opération permettrait de lancer des nouveaux marchés de bâtiments et de réaliser des logements, ce qui dynamiserait le secteur en crise des travaux publics et du bâtiment », écrit la maire.
Au bout d'un peu plus d'un mois et demi, la réponse du ministre arrive par le biais de son directeur de cabinet, André Viau : La caserne Colbert étant devenue inutile aux besoins des armées dans le cadre des mesures de restructuration 2003-2008, elle ne fait pas partie des immeubles concernés par les mesures de réorganisation des armées pour la période allant du 1er janvier 2009 au 31 décembre 2014.
« Elle ne peut donc bénéficier du dispositif prévoyant une cession à l'euro symbolique », écrit André Viau. « En conséquence, son aliénation partielle sera poursuivie selon les conditions financières qui seront fixées par France Domaine ».
Un peu désolant… car pour une simple question de date, facilement aménageable par décret ou loi, on ne veut céder le bâtiment à un prix symbolique. A une période où les grands projets prêts à être lancés ne sont pas si nombreux, cela surprend toujours… L'Etat semble ainsi
préférer voir un de ses bâtiments vide, désaffecté, plutôt que le céder à 1 euro comme il va le faire pour d'autres casernes rentrant, elles, dans le créneau.
Pollution pyrotechnique ?
Autre source d'incompréhension pour les élus, la fin de non-recevoir de l'Etat pour un déclassement rapide du site.
Le ministère précise en effet qu'un historique du site est en train d'être fait afin de déterminer « le risque éventuel de pollution pyrotechnique de l'emprise ». Ce n'est qu'à l'issue de cette étude que le déclassement sera envisagé ou pas. « Cela veut dire que l'on va voir s'il y a des bombes en dessous », s'étonne Serge Pugeault.
« La question ne s'est pas posée quand il a fallu accueillir les lycéens de Libergier quand leur lycée était en reconstruction… »
Malgré ces réponses, la Ville ne « désespère pas » de faire son projet.
Mais au lieu de le démarrer rapidement comme elle souhaitait le faire, elle va devoir attendre le bon vouloir de l'Etat… Dommage.
G. A.-T.
Des bâtiments quasi-déserts depuis plus de dix-sept ans
Construite à partir de 1853 par l'architecte Narcisse Brunette à la place de la tour des Trois-Museaux (anciens remparts), la caserne Colbert fut la première grande caserne de Reims.
La caserne Colbert, boulevard Cérès (maintenant boulevard de la Paix) abritait l'État-major et une partie du 132e RI (régiment d'infanterie) de 1873 à 1914, le dépôt commun du 132e RI, du 332e RI et du 46e régiment d'infanterie territoriale.
Le site d'une surface totale d'environ 13.000 m2 est partagé par un bail de 1870 par la Ville de Reims (6.870 m2) et l'Etat (6.081m2) La caserne a été détruite pendant la Première Guerre mondiale et reconstruite.
Jusqu'en 1992, au quartier Colbert se trouvaient la fanfare du 1er groupe de chasseurs, et le bureau mobilisation du bataillon dérivé : le 41e groupe de chasseurs.
Désaffectée depuis, la caserne est encore très partiellement occupée par le centre d'information et de recrutement de l'armée de terre (Cirat) qui devrait quitter les lieux à la fin 2009 et par une antenne de la délégation générale pour l'armement. L'enceinte de la caserne a servi d'accueil aux lycéens de Libergier de 2003 à 2006. Ils y étaient logés dans des préfabriqués en attendant la rénovation de leur
lycée.
G. A.-T.
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