Une relève de la Légion a débarqué en fin de semaine en Afghanistan, forte d'une intense préparation physique et psychologique avant d'entamer une mission de six mois en Kapisa (est), une zone à hauts risques.
«DEPUIS 6 à 7 mois, nous nous préparons avec acharnement et ténacité. »
« Au Liban, on savait qui était ami et qui était ennemi, en Afghanistan, tout le monde peut être hostile », relève le caporal Mamadou X. (l'anonymat est requis par les autorités militaires), un ancien du Liban.
C'est « une mission très difficile » dans un pays où « à tout moment, on peut être attaqué », enchaîne ce béret vert de 31 ans, dont quatre dans la Légion. Il se dit prêt à l'exécuter « jusqu'au bout, à n'importe quel prix ». Il se félicite d'une « préparation psychologique capitale », selon lui, « pour savoir ce qui attend sur le terrain » les légionnaires.
Quatre mois après, l'embuscade d'Uzbeen, dans laquelle dix soldats français sont tombés sous les balles des talibans le 18 août, est bien présente dans les esprits. Le drame avait provoqué une vive polémique sur le niveau d'équipement et d'entraînement des soldats français et le déroulement des opérations.
Comme une trentaine d'autres soldats du 2e régiment étranger de génie (2e REG), le caporal Mamadou X., d'origine sénégalaise, est arrivé vendredi à Kaboul à bord d'un Airbus militaire venu de Paris.
Il devait rejoindre quelques jours plus tard la « base d'opérations avancée » de Tagab, une position isolée et fortifiée, située à une soixantaine de kilomètres à l'est de la capitale afghane, non loin de la vallée d'Uzbeen. Le dernier acte de l'entraînement des légionnaires du 2e REG s'était joué fin septembre dans les Alpes françaises, autour de Briançon, lors d'une sorte de répétition générale baptisée « exercice Jalalabad », du nom de la grande ville de l'est de l'Afghanistan.
Pendant quinze jours, ils avaient enchaîné opérations de contre-guérilla, d'infiltration de nuit, de reconnaissance de cols, de fouille de caches d'armes ou de grottes.
Les militaires avaient conduit moult exercices d'ouverture d'itinéraires et de déminage d'urgence, mais aussi de « dépollution » de zones minées, d'évacuations sanitaires ou d'escortes. L'objectif : coller au plus près à la réalité des engagements en Kapisa, un verrou stratégique sur le chemin de Kaboul.
Tout au long de leurs six mois de préparation, les légionnaires ont été dûment informés aussi sur ce qui les attendait, des mines artisanales aux embuscades, bandes vidéo à l'appui.
« Si quelque chose doit se passer, ça ne sera pas à cause du manque d'entraînement », assure Medjnoun X., 28 ans, un ancien menuisier bulgare qui s'était engagé quatre ans plus tôt dans la Légion pour « vivre une opération extérieure comme celle-là ».
Le caporal-chef Tantely, 35 ans, originaire de Madagascar, s'attend à une mission « plus dangereuse et plus rude » en Kapisa que ses précédentes expériences. « L'Afghanistan, c'est un peu chaud, ce n'est pas comme le Kosovo ou la Côte d'Ivoire », relève-t-il.
Mais pour lui comme pour ses camarades, au-delà de l'entraînement, l'essentiel est ailleurs, c'est « l'esprit d'équipe, la cohésion ».
Comme au rugby, le groupe du caporal-chef - sept hommes du rang et un sous-officier - forme le maul. « Depuis le début de l'entraînement, en mai, nous sommes tous ensemble. »