La Gendarmerie française pourrait aller former les forces de sécurité intérieure du Mali, à l’instar de ce qui avait été fait en Afghanistan.
Une source française évoque un format d’environ 200 militaires de l’Institution. Leur mission: contribuer au tutorat de leurs collègues maliens. Les gendarmes français ont déjà assuré cette mission en Afghanistan sous le nom de POMLT, acronyme de police operational, mentoring and liaison team, ou équipe de liaison et de tutorat opérationnel en français. La France pourrait même inclure une composante intervention, comme c’était le cas à l’époque avec le GIGN.
Une aide au Mali décidée lors du G7 de BiarritzCette contribution à la sécurité du Sahel a été décidée lors du G7 de Biarritz en août 2019. L’Allemagne et la France ont en effet proposé de mettre sur pied une force de police pour appuyer les efforts de sécurisation des pays du G5 Sahel, dans le cadre du partenariat pour la sécurité et la stabilité au Sahel.
“Nous restons déterminés à agir avec eux pour intensifier et mieux coordonner les efforts en faveur d’un renforcement de leurs capacités de défense et de sécurité intérieure, y compris par un soutien aux réformes structurelles de leurs appareils sécuritaires“, expliquaient ainsi les membres du G7 le 26 août. Le partenariat pour la sécurité et la stabilité au Sahel doit permettre d’“accroître l’efficacité des efforts déployés en matière de défense et de sécurité intérieures”, ajoutaient-il. Pour cela, ils affichaient leur volonté d’améliorer “la coordination internationale, en soutenant la réforme du secteur de la sécurité et en renforçant les forces de sécurité tout en augmentant leur obligation de rendre des comptes”.
Les initiatives des Européens sont aujourd’hui dispersées. Allemands et Italiens soutiennent directement des formations d’unités de sécurité intérieure au Niger par exemple. Au Mali, Police et Gendarmerie françaises fournissent déjà des personnels isolés dans le cadre d’Eucap Sahel, une mission de l’UE à laquelle contribuent aussi la force de gendarmerie européenne. La Gendarmerie française est par ailleurs présente au sein de l’opération Barkhane avec ses prévôts.
L’état de violence actuel nécessite d’aller bien plus loin en formant et accompagnant sur le terrain les forces de sécurité intérieure maliennes, ainsi que d’autres pays qui en feraient la demande. Elles pourraient ainsi occuper leurs brigades dans de bonnes conditions. Dans le Liptako et le Gourma, cette occupation reste aujourd’hui marginale. Ces deux régions du centre-Mali concentrent pourtant l’essentiel des actes violents.
Dans certaines zones du Mali, l’État n’est plus présent du toutComme le constate le député (LREM) Jean-Michel Jacques, actuellement en charge d’une mission sur le continuum sécurité-développement, “dans les zones entourant Gao, l’État Malien n’est parfois plus présent du tout. Préfets et sous-préfets refusent d’y aller car ils se considèrent en insécurité. Il n’existe pas de forces de sécurité sur place, or ces forces doivent être forcément maliennes”.
“Si c’est Barkhane qui s’en charge, on pourrait être confondus avec une force d’occupation. Barkhane est là pour les djihadistes, pas pour faire de la sécurité intérieure”, ajoute-t-il.
Pour ce député du du Morbihan, les POMLT “constituent une piste très intéressante. Nos gendarmes forment déjà des groupes d’intervention de la gendarmerie malienne. Cela fonctionne très bien.”
Le précédent afghanEn Afghanistan, la Gendarmerie avait à la fois fourni des POMLT, des instructeurs pour une école de formation, ainsi qu’une équipe de neuf gendarmes du GIGN. De l’aveu de ces derniers, ces missions afghanes avaient, incidemment, contribué à améliorer le niveau tactique et le matériel.
Le général Denis Favier avait imposé les missions du GIGN en Afghanistan quand il commandait l’unité d’intervention d’élite. Devenu directeur général de la Gendarmerie, il avait évoqué la “nécessaire solidarité avec nos camarades du Sahel”.
Source : Jean-Marc Tanguy pour l'Essor