C’est une phrase toute simple, au milieu du dossier de presse du Commandement des opérations spéciales (COS) publié en amont du 14 juillet. Mais ces quelques mots ont fait l’effet d’un électrochoc dans l’aréopage militaire. Dans un paragraphe consacré à la présence de deux hélicoptères lourds CH-47 Chinook britannique dans le défilé du 14 juillet, le document indique que « l’armée de l’air étudie actuellement son acquisition pour les forces spéciales françaises ». L’appareil, indique le dossier de presse, « compléterait fort utilement la gamme des hélicoptères actuels » comme le Caracal ou le NH-90. De fait, le Chinook peut atteindre une masse maximale au décollage de 22 tonnes, deux fois plus que le Caracal (11 tonnes). Faute d’avoir ces précieuses machines en flotte, la force Barkhane dépend de l’allié britannique, qui met à disposition trois Chinook.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]Cette phrase interpelle. Certes, les forces spéciales n’ont jamais caché leur intérêt pour l’hélicoptère de Boeing, un bestseller mis en service en 1962 et utilisé lors de la guerre du Vietnam, en Afghanistan, au Sahel et en Irak. « En tant qu’employeur opérationnel, je regrette l’absence de projet d’hélicoptères lourds, dont sont équipées la quasi-totalité des armées occidentales, indiquait le patron du COS, l’amiral Laurent Isnard, en décembre 2017 devant les députés de la commission de la défense.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]Rien qu’en Europe, l’Allemagne vient de passer commande de soixante hélicoptères lourds ; la Grande-Bretagne en a quatre-vingt-dix et vient d’en moderniser vingt pour ses forces spéciales ; l’Italie en a une quinzaine ; l’Espagne, une quinzaine également ; la Hollande, une trentaine » Mais jamais l’intérêt de l’armée de l’air n’avait été exprimé de façon aussi nette que dans le document du COS.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]Jusqu’à présent, l’option d’un achat sur étagère semblait écartée. Le sujet ne figure pas dans la loi de programmation militaire 2019-2025. En réponse à une question du député LR Franck Marlin, le ministère des armées avait indiqué en mars dernier que le besoin opérationnel sur Barkhane est « essentiellement couvert par les avions de transport tactiques qui disposent de la capacité de se poser sur des terrains sommairement aménagés ». « Au regard des éléments que constituent le coût lié à l’acquisition d’hélicoptères de transport lourds et le volume capacitaire complémentaire que procurent ces matériels sur ce type de théâtre, l’option d’une coopération aboutissant à utiliser des HTL (hélicoptères de transport lourd) britanniques essentiellement dédiés à des missions logistiques a été privilégiée. »
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]Cette réponse est à prendre avec des pincettes. D’abord, elle n’évoquait pas le possible usage des Chinook pour les besoins des forces spéciales. Ensuite, on sait, sur ce genre de sujets, que le vent peut vite tourner. Le ministère de la défense avait longtemps écarté le scénario d’un achat de drones MALE Reaper sur étagère, avant de s’y résoudre. Idem sur le recours aux C-130J.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]Si le besoin opérationnel d’hélicoptères lourds est avéré, il n’y a pas cinquante solutions : il faudra acheter américain. L’hypothèse d’un programme d’hélicoptère lourd européen, de fait, apparaît peu crédible. La France et l’Allemagne avaient tenté de lancer un projet commun d’hélicoptère lourd de 35-40 tonnes dans les années 2000, mais la démarche n’avait jamais abouti, malgré une étude confiée à l’Agence européenne de défense (AED).
Source : ChallengeS