Le projet du ministre israélien de la Défense, Avigdor Lieberman, de créer un «corps de missiles» au sein de l’artillerie de Tsahal a franchi une étape décisive.
Malgré le lobby de l’armée de l’air, opposée à ce projet, le ministre de la Défense a conclu un premier accord avec le groupe public Israel Military Industries (IMI) pour la fourniture et le développement de roquettes d’une portée de 30 à 150 km. Des engins destinés surtout à mener d’éventuelles attaques en Syrie et au Liban, contre des positions du Hezbollah ou d’autres groupes militaires inféodés à l’Iran.
Ces roquettes sont présentées comme des armes très précises, car elles sont censées frapper dans des zones urbaines et limiter ainsi les dommages collatéraux au sein de la population civile. Parmi ces roquettes qui seront utilisées ou modernisées figurent les Romach, d’une portée de 35 km et guidées par un GPS.
L’un des modèles est déjà opérationnel depuis deux ans, les Predator Hawk, d’une portée de 300 km et d’un niveau d’erreur circulaire probable de dix mètres, et L’EXTRA (Extended Range Artillery), d’une portée de 150 km.
Cette dernière, qui peut être munie d’une tête explosive de 120 kg, a déjà été vendue à plusieurs pays. Tous ces engins sont capables de se guider eux-mêmes vers leurs cibles et de modifier, au besoin, leur plan de vol.
Pendant des années, les responsables de l’armée de l’air israélienne se battaient pour que celle-ci conserve le monopole du lancement des attaques stratégiques, en s’opposant au projet de «corps de missiles», qui risquait de provoquer une diminution de ses crédits. Mais, selon Avigdor Lieberman, le développement des roquettes est indispensable pour tenir compte des changements intervenus sur le champ de bataille, dans le cadre des guerres asymétriques.
Les combattants du Hezbollah et du Hamas n’opèrent pas à partir de bases repérables par des avions, mais se déplacent de maisons en maisons, se cachent dans des bâtiments scolaires ou des hôpitaux et dissimulent leurs déplacements grâce à des réseaux de tunnels. «En 2006, lors de la guerre menée au Liban, nous avons tiré 170 000 obus d’artillerie, mais dans les conditions actuelles, ce type de tirs n’est plus efficace sur le terrain.
C’est pourquoi nous devons jouer la carte de la précision», commente un officier. Selon lui, dans une première étape, 140 millions de dollars seront investis dans l’acquisition et le développement de roquettes. «L’armée de l’air n’a pas de crainte à avoir, car avec ces roquettes, elle pourra se concentrer sur les missions réellement stratégiques», assure cet officier.
La coordination entre l’infanterie et l’armée de l’air est actuellement compliquée et longue à se mettre en place. Fournir des roquettes aux commandants d’infanterie permettra de frapper les cibles plus rapidement. Le recours à des avions prend en effet du temps, ce qui peut permettre aux combattants visés de prendre la fuite. De plus, les appareils sont sous la menace des systèmes de défense aérienne, avec le danger de voir des équipages tués ou fait prisonniers, sans compter la perte matérielle que représente chaque avion abattu.
Cette course à la précision concerne également la marine israélienne, qui projette d’équiper ses corvettes de type Saar-6 d’une version adaptée de ces roquettes, ce qui lui permettrait d’attaquer des cibles terrestres.
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