Et si la Norvège enrayait une (très hypothétique) invasion russe avec un simple vélo électrique ? Quand l’US Army étudie l’option du char de combat hybride, l’armée norvégienne préfère, elle, se concentrer sur l’intégration de VTT électriques pour assurer la surveillance de ses frontières. Et devient au passage la première armée au monde à déployer cette technologie, révèle le média indépendant norvégien The Barents Observer.
Fier comme Artaban, le soldat Kristian Jakobsen pose sur son VTT électrique (Crédit photo: Thomas Nilsen)
La Norvège et la Russie partagent 196 km de frontières communes, soit la distance Paris-Lille à vol d’oiseau. Dérisoire comparé à la frontière russo-ukrainienne (+- 1600 km), dont la situation actuelle est autrement plus préoccupante, nous direz-vous. Mais l’importance de ce bout de frontière n’a fait que grandir, en parallèle avec le regain de tensions vis à vis de Moscou et la sensible augmentation des passages illégaux de migrants. Située dans une zone isolée, montagneuse et adjacente au parcours des rivières Pasvik et Grense Jakobselv, leur surveillance n’en est rendue que plus compliquée.
Cette mission essentielle est confiée exclusivement à la garnison de Sør-Varanger (GSV). Basée à Høybuktmoen, dans le Finmark, cette garnison prend la forme d’un bataillon essentiellement constitué de conscrits, dont une poignée de femmes. Depuis 15 ans et l’entrée de la Norvège dans l’espace Schengen, leur tâche n’est plus « limitée » à la protection du seul territoire national, mais aussi à la surveillance de frontière la plus septentrionale d’Europe. Jusqu’à aujourd’hui, ceux-ci ne réalisaient leurs patrouilles qu’à pied ou au moyen de véhicules tout-terrain type Polaris, de bateaux ou de motoneiges. Demain, ils pourraient gagner en discrétion en s’acquittant pratiquement de toute solution « bruyante ». « Nous testons les caractéristiques techniques des vélos et leur adaptation au concept de nos gardes-frontières », a déclaré le lieutenant-colonel Jørn Qviller, commandant de la garnison.
Et des avantages tactiques, ces vélos en ont. « Un tel moyen de transport peut couvrir de vastes zones et se déplacer rapidement », ajoute Qviller. Mû par la sueur et/ou l’électricité, ils sont également légers, robustes et ne nécessitent pratiquement aucun entretien ni formation spécifique. Quel soldat, à l’heure actuelle, n’est pas en mesure d’enfourcher un vélo ? De même, outre l’aspect « éco-friendly » en totale adéquation avec la politique gouvernementale norvégienne, ce type de VTT ne laisse pratiquement aucune trace au sol et est totalement silencieux. Un avantage non négligeable pour les soldats norvégiens, dont la traque est souvent mise en échec par le bruit de leurs véhicules. Ces vélos « font beaucoup moins de bruit et notre expérience montre que les gens et les animaux sont très surpris lorsque nous les approchons soudainement dans les zones frontalières », raconte Qviller. De là à s’imaginer surprendre l’ours russe, il n’y a qu’un pas.
Mais si les premiers retours d’expérience sont positifs, ce type de véhicule reste notamment limité en terme d’autonomie, de l’ordre de 50 km en moyenne en fonction du terrain et des conditions climatiques. « Ce ne sera pas un véhicule que nous pourrons utiliser pour tout réaliser l’ensemble du travail de garde-frontière », explique Qviller.
Leurs motos-neige seront encore utiles !
Source : Forces Operations Blog