Très instructif et en dehors de l'ordinaire
Article sur "actu défense"
Chaque année, des animaux participent au traditionnel défilé parisien de la fête nationale. Des vétérinaires des armées veillent sur eux depuis leur transport jusqu’au jour J, prévenant les coups de chaleur et intervenant en cas de blessure. Aujourd’hui, ils nous dévoilent les coulisses de leur défilé.
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Chevaux, chiens, rapaces… Chaque année, lors de la fête nationale, des animaux à poils ou à plumes descendent les Champs-Elysées, à Paris. Pour que cette journée exceptionnelle se passe dans les meilleures conditions possibles, les vétérinaires des armées se mobilisent. Hommes de l’ombre du cortège, ils ont l’importante responsabilité de prendre soin de ces soldats un peu particulier et d’être prêts à intervenir en cas de besoin.
Les chevaux de la Garde républicaine
Défilé du 14 juillet 2012 à Paris sur les Champs-Elysées. Animation d'ouverture, ici la garde républicaine exécute la reprise des douze.
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« Pendant le défilé, nos principales problématiques sont le temps et la discrétion, résume le vétérinaire en chef Olivier, responsable de l’antenne vétérinaire assurant le soutien du régiment de cavalerie de la Garde républicaine. Nous devons intervenir rapidement, à l’abri des regards du public et des caméras. Chaque minute compte. » Les 250 chevaux présents sur les Champs-Elysées le jour J, pour l’escorte présidentielle et pour le défilé des troupes, sont habitués à ce type de manifestation. Cependant, tous les scénarios doivent être envisagés. « Un cheval peut glisser et tomber. Il peut prendre peur, donner un coup de pied à son voisin. Ma hantise : qu’une monture soit victime d’une affection grave qui l’immobilise durant la parade, ce qui nous obligerait alors à intervenir directement sur l’avenue », confie le vétérinaire en chef. Les Champs-Elysées ne pouvant en aucun cas être traversés durant la manifestation, deux équipes, composées d’un vétérinaire et d’un maréchal ferrant, suivent de chaque côté de l’avenue la progression des cavaliers et de leurs montures. « Nous disposons également de chevaux de réserve embarqués dans des vans prépositionnés, pour pouvoir effectuer un remplacement en cas de problème avant le départ. En revanche, une fois le défilé lancé, nous ne pouvons plus réaliser d’échange, seulement évacuer au plus vite un animal qui ne serait pas en état de finir. »
Les chiens du 132e bataillon cynophile
Défilé du132e bataillon cynophile de l'armée de Terre lors du 14 juillet 2014
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Cette année, 50 chiens du 132e bataillon cynophile de l’armée de Terre fouleront, aux côtés de leurs maîtres, l’avenue parisienne. « Notre première mission consiste à soutenir les chiens pendant le transport jusqu’à Paris, explique le vétérinaire principal Gregory, adjoint au responsable de l’antenne vétérinaire de Châlons-en-Champagne. Pour cela, nous alertons le commandement sur les risques liés à la chaleur et donc sur le fait qu’il faut privilégier un déplacement très tôt le matin ou tard le soir. » Arrivés dans la capitale, les chiens bénéficient de la présence d’un vétérinaire et d’un auxiliaire, 24 heures sur 24. « Pendant les répétitions, les entraînements sous fortes températures peuvent être très longs. Notre plus grande crainte reste donc les coups de chaleur. Il y a toujours un risque de bagarre entre chiens lors des phases d’attente qui pourrait nécessiter une intervention vétérinaire. Sur le bitume, les chiens peuvent également s’abîmer les coussinets et se mettre à boiter. Pour les protéger, nous réalisons en œuvre un traitement préventif afin de tanner leurs coussinets. Rétablir l’aptitude d’un chien blessé pour qu’il puisse défiler le jour J procure une grande satisfaction. En 2014, nous avons opéré en urgence un chien qui souffrait d’une otite aigüe compliquée d’un important hématome à l’oreille. Vingt-quatre heures plus tard, il a pu participer à la fête nationale. »
Les rapaces mexicains
Participation de rapaces mexicains au défilé du 14 juillet 2015
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Parfois, le travail de ces hommes de l’ombre ne se cantonne pas aux répétitions et au jour J. Lors de la participation de rapaces mexicains au défilé du 14 juillet 2015, la question des modalités d’entrée sur le territoire français de ces oiseaux s’est posée dès septembre 2014, afin d’éviter toute introduction de maladie animale contagieuse en France. Aigles et buses ont donc bénéficié d’un protocole d’autorisation exceptionnelle d’importation mis au point par les vétérinaires du Service de santé des armées en liaison avec leurs homologues du ministère de l’Agriculture. Après une période de mise en quarantaine de dix jours et une série de prélèvements et d’analyses pour la recherche des virus de l’influenza aviaire hautement pathogène et de la maladie de Newcastle, ces animaux symboliques du Mexique ont pu défiler sur la plus belle avenue du monde, offrant un spectacle exceptionnel.