La Marine nationale comptait à la rentrée prochaine — suite au retrait programmé, à l’été 2015, des derniers chasseurs-bombardiers Super Etendard modernisés (SEM) qui équipent la flottille de chasse 17F sur la BAN de Landivisiau (Finistère) — ne faire voler que des Rafale. Il n’en sera rien : les SEM risquent de devoir durer — faute de remplacement — au-delà de la limite annoncée initialement, soit deux ans encore, même si la nouvelle date de retrait signifiée par la “Royale” reste fixée à l’été 2016…
L’Aéronautique navale a perçu jusqu’à présent 42 Rafale M depuis 2000. Les M-1 à 42 (dont quatre au standard le plus moderne avec radar à antenne “active” Thales RBE2-AESA, les M-39 à 42). Le Rafale M-42, livré en janvier dernier à la Marine, était d’ailleurs exposé sur le stand de Dassault Aviation lors du récent Salon du Bourget, armé d’un missile Exocet sous le fuselage.
L’attrition opérationnelle ayant vu quatre Rafale M s’abîmer en mer depuis quinze ans (les M-18, M-22, M-24 et M-25), la Marine n’a donc, à l’heure actuelle, que 38 avions en compte… Mais tous ne sont pas en service. Si l’on compte les dix Rafale M/F1 (M-1 à 10) retirés du parc, afin d’être portés au standard F3 et qui seront livrés d’ici 2018, à raison de deux avions par an — les M-10 et 9 l’ont été cette année —, ne sont donc véritablement en compte actuellement que… trente Rafale M répartis à peu près comme suit : dix à la 11F, onze à la 12F à Landivisiau et trois à l’ETR 2/91 de Saint-Dizier. Soit un total de 24 avions au standard F3 en service actif, les six autres figurant en “volant de fonctionnement”, soit en réserve ou en grande visite pour les porter du standard F2 au F3.
Il reste toutefois six machines de la tranche 3 à livrer et dix machines de la tranche 4 toujours non commandées, dont on ignore à quelle date elles pourraient être remises à l’Aéronautique navale sans une augmentation du budget de la Défense. Or les besoins de la Marine pour faire “tourner” ses trois flottilles de chasse sur Rafale à l’horizon 2018 s’établissent à quarante Rafale M, à partager de manière égale entre les flottilles 11F, 12F et 17F de Landivisiau et une fois les SEM retirés du service. Il serait urgent de procéder à la commande des Rafale M-43 et 44 qui s’ajouteront aux huit Rafale F1 modernisés restant à livrer (M-1 à
, qui vont être rendus au compte goutte à la Marine d’ici 2018, à raison de deux machines par an. Actuellement, la prolongation des SEM en service est une affaire peu onéreuse vu l’importance du nombre de cellules de SEM/Standard 5 disponibles, de celui des stocks de moteurs Snecma 8K50 et des rechanges en magasin pour ce vieil avion toujours bon de guerre qui s’est encore illustré, de février à mai dernier, depuis le “Charles-de-Gaulle”, aux côtés des Rafale M, dans des engagements contre des cibles de l’Etat islamique en Irak.
Il pose toutefois un problème pour le GAE (Groupe aérien embarqué) du porte-avions, car il oblige à conserver à bord deux types de chasseurs de modèles différents avec leurs rechanges et leurs matériels de soutien spécifiques, y compris des armements propres au SEM, comme les bombes guidées GBU-49 Paveway II de 250 kg et GBU-58 Paveway II de 125 kg, qui ne sont pas utilisées sur Rafale M. Parallèlement, le maintien en service de la 17F sur SEM risque de se doubler d’un manque de pilotes et d’instructeurs puisque les derniers moniteurs SEM verront leur temps de service sous les cocardes s’achever avant l’arrêt des avions. Cette question n’est toutefois pas insurmontable et devrait être réglée au cours des prochains mois.
Rappelons que la dotation de combat idéale du “Charles-de-Gaulle” devra être, à l’horizon 2018, composée d’un GAE avec deux flottilles de chasse homogènes, soit 20 Rafale M à bord, accompagnés de deux Hawkeye responsables de la détection aérienne et d’au moins six hélicoptères chargés de la sécurité et du transport.